Orages violents du 5 mai 2024 en Dordogne – Analyse
La situation orageuse est devenue visible sur les radars à partir de 13h00. Des salves orageuses commençaient à s’organiser sur les Landes et la Gironde mais sans activité électrique particulière ni des fortes précipitations.
Ce que j’ai prévu :
A 14h00, des cellules orageuses commencent à bien s’organiser au nord-est de la Gironde tel que prévu par les modèles de prévision numériques.
A 14h30 l’activité des cellules devient de plus en plus importante et je constate que certaines sont porteuses de grêle, beaucoup d’eau, et une forte activité électrique comme prévu.
A 14h55, le premier groupe de cellules rentrent dans le département par le sud-ouest. J’observe aussi, que d’autres cellules s’organisent sur le Lot-et-Garonne, et que ne tarderont pas de concerner le sud et sud-est du département. Ce sont celles-ci qui me préoccupent le plus, car c’est surtout sur le sud et sud-est du département que des cellules virulentes sont prévues un peu plus tard.
A 16h00, 2 cellules bien actives et devenant de plus préoccupantes pour moi, se suivent et finissent par fusionner juste au sud-ouest du Bergeracois. La cellule devient alors bien plus importante et elle prend l’air de super-cellule. Des rafales de vent à 91 km:h, sont relevées sur Bergerac entre 16h06 et 16h12.
La super-cellule constitue la structure orageuse la plus virulente et la plus dangereuse de toutes.
Un orage super-cellulaire a pour particularité de pouvoir conserver une activité convective intense durant parfois plusieurs heures à difference d’une mono-cellule.
Sur le radar doppler on constate une probable rotation et elle devient extrême à 16h15. Je sais que des précipitations abondantes ont lieu, ainsi que des chutes de grêle d’une taille probable comprise entre 1.5 et 3 cm de diamètre. Très probablement, un fort coup de vent ou tempête sous forme de micro ou macro rafale très localisée, aussi qui resteraient à confirmer avec les images reçues.
Pluie abondante et grêle visible. La cellule devient extrême à 16h15.
Image radar doppler – Mésocyclone probable. Visualisation d’une rotation possible.
La super-cellule continue son parcours vers Montignac et le Terrassonnais perdant progressivement son intensité, mais les precipitations abondantes et probables sont toujours visibles sur le radar ainsi que les chutes de grêle devenant de moins en moins importantes.
Une autre cellule rentre sur l’extrême sud-est du département. Des chutes de grêle et fortes précipitations sont aussi visibles sur le radar.
En début de soirée, je reçois les premières images qui confirment les données radar.
Des précipitations atteignant les 43 mm localement en peu de temps ont étés relevées. Les sols déjà saturés d’eau n’ont pas permis leur absorption rapide. Des jardins, caves, parkings, et routes ont étés inondées.
De manière visuelle, une super-cellule se présente souvent comme un orage d’une ampleur impressionnante, avec une tour de convection alimentatrice qui s’élève en tournoyant, inclinée et débordante d’énergie, se prolongeant vers le bas par un mur de nuages et vers le haut par un sommet perçant. Typiquement, un mur dense de précipitations est aisément observable à plusieurs kilomètres de distance, illustrant le flux descendant d’air froid de façon tangible.
J’ai aussi reçu des photos d’un témoin. Des peupliers au sol et un arbre tombé sur une voiture. L’évènement c’est produit au stade à Mouleydier, près de Creysse. En observant les images ainsi que le radar, j’arrive à la conclusion qu’une micro rafale ait pu avoir lieu.
Peupliers au sol au passage de la super-cellule sur le stade de Mouleydier.
Le peuplier a l’inconvénient d’avoir des racines étendues en surface mais non ancrées en profondeur dans le sol, raison pour la quelle, la chute d’arbres a été importante dans ce secteur au passage de la super-cellule en conjoncture avec des sols gorgés d’eau.
Les microrafales et les macrorafales peuvent produire des rafales de vent atteignant jusqu’à 210 km/h, provoquant ainsi des dommages considérables. Elles sont classées dans la catégorie des rafales descendantes, bien qu’elles se distinguent par leurs dimensions horizontales plus restreintes. Leur durée de vie habituelle d’une microrafale est de 2 à 5 minutes. Elles se caractérisent par une composante verticale prononcée, ce qui peut entraîner des dommages au sol témoignant d’une force d’écrasement.
La macrorafale présente des similarités avec la microrafale, mais se démarque par sa propagation au sol sur une surface horizontale de plus de 4 kilomètres. Ainsi, la distinction entre ces deux phénomènes repose davantage sur leur étendue que sur leur intensité.
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